ARTICLES OU PRESENTATIONS DE LIVRES.

Giornale di Breschia le 21 octobre 2000 par Murillo Azzini.

 

 

            Un des plus fameux tableaux de Francesco Filippini, qui était dans la collection Facchi et qui fut exposé à la Biennale de Venise de 1928 pour le récapitulatif de la peinture italienne du XIX ème siècle et à l’exposition de la peinture bresciane du XIX ème de 1934, mais qui n’a pas été disponible pour la récente exposition de l’artiste à Santa Giulia, sera visible d’aujourd’hui au 26 octobre au siège du Capitolium di Rudi Rusconi, au palais Cigola Fenaroli, 58 rue Cattaneo, pour les enchères des 27 et 28 octobre. Le tableau intitulé « Paysage alpestre avec bœufs »  1890-92, cherche à faire ressentir les voies profondes de la terre dans un pétrissage figé à gros traits, avec le sens d’une dure et religieuse fatigue silencieuse.

 

            Mais la vente aux enchères des tableaux, meubles et objets allant du XVI ème au XX ème, au-delà des diverses attributions également intéressantes du caravagesque Gherardo delle Notti jusqu’à deux beaux portaits d’avant le XVIII ème d’Amigoni, à une atmosphère bucolique de Troyon dans le genre de l’école de Barbizon, aux meubles parmi lesquels des fauteuil Louis XV signés Jean Gourdin et ayant appartenus à un célèbre constructeur d’automobiles français, se caractérise par la proposition d’une véritable et authentique anthologie (109 œuvres), avec surtout la collection d’aquarelles, pastels, craies et fusains de la française Marie-Thérèse Dethan-Roullet (1870 – 1945 ), peintre de paysages et de fleurs, journaliste globe-trotter.  En 1935 elle eut une rétrospective au Grand Palais de Paris. Elle se caractérise réellement par la sensibilité aiguë au temps qui passe, aux modes, aux humeurs, une faculté d’accent rapide, sentimental et affectueux. Les meilleurs résultats sont vraiment ceux qui révèlent des lieux en un découpage instantané et dans une matière rapide et fluide, avec des lumières qui éclairent rapidement comme dans l’éclair d’un souvenir. Ce qui est intéressant par dessus tout réside dans l’évocation de certains lieux du nord entre la Normandie, la Bretagne et les Flandres, influencée par une sensibilité, un art de la lumière et par le « rivival » moyenâgeux du romantisme tardif, avec certaines inclinations directes à l’anecdote ou au goût mélodramatique lié au fondement du théâtre : églises gothiques, ponts, maisons aux hauts faits. dans la tradition de l’impressionnisme tardif, on peint aussi des natures mortes et surtout des fleurs avec le sens du battement de cœur, de la couleur dans la lumière. L’attention au temps qui passe, à la lumière, qui se fane et change la matière des choses, la tendre mélancolie : plus que DR qui se fait illustratrice éduquée et conventionnelle, elle plait quand le fusain ou l’aquarelle effrange et abolit les contours, fait surgir les formes sous la lumière, ou, grave comme la photo, des espaces aveuglés, les suspendant entre veille et rêve.

Introduction au livre "Paesaggi et nature morte" de Lascoux en 1995.

 

 

         Célèbre peintre et journaliste de la fin du XIXème siècle, amie de Jules Noël, apparentée à la famille Roullet, Marie-Thérèse a vécu dès sa naissance sous l’influence de la muse de la peinture.

 

Elle fut l’élève de Gaston Roullet, suivit un enseignement dont l’influence est reconnaissable dans ses premières œuvres, et qui, tout en lui faisant bien acquérir les données des techniques de l’art, lui permit une complète liberté d’expression.

 

Marie-Thérèse eut la chance de vivre à un moment où la peinture française évoluait d’une façon formidable, à la fin du XIX ème siècle, évolution à laquelle participe aussi Jules Noël (1715-1881) (Peintre de paysages et de marines, élève de Cherioux, ses œuvres sont exposées dans des musée de nombreuses villes françaises : Reims, Tour, Briançon, Brest, Chartres, Nantes…).

 

Comme Gaston Roullet, Marie-thérèse, représente surtout des paysages normands, mais journaliste et globe-trotteur elle consacre nombre de ses œuvres a  des impressions et des descriptions de ses voyages. Contrairement à son oncle, qui peignit souvent des vues de Venise, envoûté par le charme de la ville, elle s’inspire pour sa part de Bruges, la Venise du nord et des Flandres : qu’on se souvienne des tableaux impressionnistes , religieux, avec de grands châteaux irréels et battus par les vents, souvent flanqués de moulins fantastiques et de maisons flamandes se mirant dans des canaux diaphanes.

 

La peintresse atteint le sommet de l’expressivité dans ses productions florales et on peut indubitablement la considérer comme une des artistes les plus importantes à cheval entre le XIX ème et le XX ème siècle, et une des meilleures interprètes de la nature morte à sujet floral de l’impressionnisme français : ses fleurs, en fait, ne sont pas figées comme une image stéréotypée et sans vie, mais semblent naître, s’ouvrir et vivre avant de défleurir et de mourir. C’est vraiment dans de telles représentations que Marie-Thérèse donne le meilleur d’elle-même et son talent s’y déploie pleinement, c’est dans ces œuvres que sa technique même se révèle plus précise, et proche de la peinture de Seurat et de Signac, que d’ailleurs elle eut l’occasion de fréquenter.

 

Son impressionnisme et sa technique picturale sont le fruit et l’expression de ses recherches et de ses conceptions personnelles.

 

Ses œuvres, très appréciées aussi bien de ses collègues peintres que du public furent exposées dans une rétrospective en 1935 au Grand Palais où elles furent fortement appréciées par le président de la République d’alors, Albert Lebrun.

 

L’intérêt de cette peinture naît du désir d’en redécouvrir la personnalité à l’aube du XX ème siècle, de retrouver le charme des ses œuvres qui ne semblent pas en fait en opposition avec la modernité qui nous entoure ; au contraire elles nous font redécouvrir les réalités campagnardes qui sont encore présentes dans quelques régions de la France septentrionale et nous ne pouvons que faire des vœux pour qu’elles continuent à vivre comme un lien entre nous et le passé.